Philauloin, prochain voyage: septembre!

21 février 2006

La faute à el Niño et à Los Chinos!

Débutons par le commencement.
Shushufindi, la ville sans cordes à linge.
Shushufindi est une minuscule ville d'où la majeure partie du pétrole extrait de l'Équateur provient. Une ville qui génère tant de richesse, mais sans rues pavées. Comme il y a beaucoup de circulation, la ville est constamment couverte de poussières et de suie ce qui n'ajoute pas vraiment à son charme déjà minime. Et Shushufindi est sans doute le meilleur exemple pour illustrer la complexité des problèmes de Sucumbios.
Les habitants s'enrichissent grace au vol de carburant en percant les pipelines. Le carburant est déjà raffiné ce qui permet de le revendre très facilement au plus offrant. La ville étant à un jet de pierre de la frontière colombienne, les plus offrants sont évidemment les groupes "irréguliers" (la guérilla) et les narco-trafficants qui ont besoins de carburant pour transformer la pate de coca. Les habitants de Shushufindi ont la collaboration de certains employés de Petro-Ecuador qui controlent le pipeline et savent quand est le meilleur moment pour percer le tube et mettre une valve. L'armée ferme les yeux, sans doute grace aux pots-de-vins et sachant que les guerillas et narco-trafficants ne jouent pas dans la dentelle quand vient le temps de protéger leurs intérets. Tout le monde est gagnant donc. Mais depuis le début de 2006 il y a eu 4 déversements de carburant. Voilà le dilemme. A Shushufindi, il n'y a pas de job possible sauf voler du carburant ou travailler pour les entreprises pétrolières. On peut difficilement en vouloir à la population locale de se remplir un peu les poches au dépends des compagnies pétrolières. Mais la situation reste malsaine, polluante et dangereuse. Il y a aussi une tension permanente entre ceux qui profitent de la contrebande et ceux qui subissent les conséquences négatives. Rien de bien amusant. Ceci était Shushufindi.
En plus, il y a quelques escarmouches entre l'armée équatorienne, la guérilla colombienne et l'armée colombienne. Tout le monde contre tout le monde. Et maintenant Guayaquil. Je suis présentement dans la ville la plus grande du pays, avec plus de 2 millions d'habitants. Rien à redire. La ville a une époutable réputation de trou à rat, criminel sale et corrompu mais jusqu'à maintenant tout va bien. Ce qui est davantage préocuppant que la situation de Guayaquil c'est celle des régions autour. Je ne voudrais pas etre alarmiste mais voir les gens nager de maisons en maisons à cause des inondations est un peu étonnant. And malaria is back. Climat tropical + inondation = moustiques. Et comme la malaria n'est pas éradiquée ici les morts se compteront par centaines. Sans compter les cultures perdues et les maisons endommagées. Inutile de dire qu'il n'y a pas de groupe Qualinet à proximité.


Et une dernière petite note. Dans la ville de Lago Agrio où je suis se produit présentement un événement anthropologiquement très intéressant.
Un genre de Walt-Mart (beaucoup plus petit quand meme) vient d'ouvrir. Mais les proprios sont des Chinois qui ne parlent pas espagnol et qui n'ont meme pas de permis pour ouvrir un commerce. Le Far-West que je vous disais. Mais il y a une vague de racisme épouvantable dans la ville, un racisme qui n'épargne pas la station de radio. Les Chinos ont donc invités les journalistes et policiers de la ville pour leur payer la traite et avoir la paix. La radio a boycotté l'événement mais quand meme, assez spécial. Difficile de se plaindre simplement des nouveaux arrivants puisque, a part les "Sauvages", tout le monde est né ailleurs. Dur de chialer contre les immigrants, mais c'est pourtant le cas. Les "voleurs de jobs" ne sont pas seulement les latinos au Québec.


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