Philauloin, prochain voyage: septembre!

08 mars 2006

La guerre de classe est-elle une raison pour se faire mal?


Certains diront que je ne vous ai pas tenu au courant des dernières nouvelles. En fait, j’ai publié un immense message avec une vingtaine de photos du Carnaval et il semble que blogger n’ait pas trop apprécié. J’ai donc eu des pépins techniques avec ce blog.

Aujourd’hui 8 mars. Journée internationale des femmes comme vous le savez. Mais en Équateur comme on aime pas ça faire les choses à moitié, les travailleurs pétroliers, qui se sentaient probablement seuls et tristes du peu d’attention portée envers eux en ce 8 mars, ont décidés de faire une grève de 3 jours ponctuée de blocages de routes et d’affrontements avec la police. Les enseignants, fidèles à leur syndicat marxiste-léniniste (ce n’est pas des blagues) se sont donc joints à eux dans le garrochage de roches.

Il est impossible d’oublier l’odeur du gaz lacrymogène une fois subi mais ça surprend quand même. Ça fait mal en maudit cette affaire là. Je pensais que l’être humain s’était discipliné après les guerres de tranchés de 14-18. Faut croire que non. Mais le plus étrange dans une émeute de Lago Agrio c’est que la vie continue. On voit des panaches de fumée, des pneus qui brûlent, des hommes qui courent, des militaires et policiers armés jusqu’au dents, des renforts militaires qui arrivent par avion… Les habitants font leur épicerie, se promènent à bicyclette, mangent sur les terrasses. Un peu apocalyptique.

Comme je me suis transformé en journaliste ici dans la radio, j’ai accompagné l’équipe des nouvelles. On demande à un dirigeant syndical combien il y a de prisonniers. « 4 » dit-il. « Ils ont arrêtés 3 de nos gars ». « Et le 4e ? » que nous demandons. « Ha, c’est nous qui avons kidnappé un policier. » Et dire qu’au Québec les violons geignent lorsque des étudiants occupent un bureau de ministre.

Le policier en question, qui devait servir à un échange d’otage, a été libéré par ses collègues polices. Ils sont entrés dans l’église où il était séquestré (en brisant tout au passage). Le compte est bon maintenant pour les forces de l’ordre.

Et pour faire nos vrais journalistes « mouche à marde » on a décidé d’aller à l’hôpital voir les blessés. Après quelques pourparlers avec le directeur on nous emmène dans une chambre. Un homme y gît, immobile, sur une civière, couvert de sang, avec un linge sur le visage. Je me dis « Ça y est, il est mort. Circulez, circulez, y’a rien à voir ». Mais non, il gémit. Les agents de la paix lui ont tiré une grenade de gaz à bout portant dans le visage. De quoi rappelez des souvenirs d’une manif au Parlement où un étudiant de Sherbrooke a failli perdre complètement l’usage d’un œil après un événement semblable. (En passant il était à Caracas en janvier !) Donc, notre blessé dans un piteux état souffre selon le médecin de multiples traumas dont un trauma à l’œil et au nez. Surprenant. Prenant l’émission de Franco Nuovo intitulé « Je l’ai vu à la radio » au pied de la lettre, le médecin découvre le visage du « patient ». Ouin, c’était mieux couvert finalement. Je vous enverrai des photos si vous voulez.

Je ne voudrais pas que ce récit fasse peur à quiconque. Je ne suis évidemment pas au front et ce n'est pas Bagdhad. On est plutôt les "pissous" qui vont prendre les commentaires après coup.

Mais la journée demeure celle du mouvement féministe. Une imposante manifestation s’est promenée en ville et a conclu dans un amphitéâtre par des présentations « multiculturelles ». Il faut savoir que dans la province de Sucumbios il y a 5 nationalités autochtones (Quechua, Shuar, Secoya, Siona et Cofane), en plus des communautés afro-équatoriennes. Mais ce qui retint le plus mon attention. C’est la présence d’une « reine du 8 mars ». La reine du canton Lago Agrio a été invitée à la table d’honneur avec des lideressas féministes. La reine, jeune, blanche, habillé très sexy et maquillée jusqu’aux genoux représente à mon avis, l’idéal de beauté occidental que la très grande majorité des habitantes de Lago Agrio ne peuvent pas même imaginer incarner. Dire que certains trouvaient les duchesses du Carnaval de mauvais goût !


Pour ceux et celles qui sont amateurs du "il faut le voir pour le croire" cliquer sur "En lire plus". Je vous aurai prévenu, une grenade en pleine face c'est pas beau.



En lire plus!