Philauloin, prochain voyage: septembre!

05 avril 2006

Terre en vue!



Ce voyage tire à sa fin, oh oui. Pas que je sois particulièrement heureux ou malheureux, c'est plutôt une constatation. Je suis arrivé en août dernier. Je serai à Montréal dans près de 3 semaines. Il est évidemment trop tôt pour commencer à faire un bilan mais les prochains jours seront une accélération culminant avec mon arrivée à PET le dimanche 30 avril à 22h20. Je quitterai Sucumbios autour du 12, direction... à définir. Je devrais rencontrer le Québec quelque part dans ce pays. Les amitiés de Caracas ne sont pas mortes. Ensuite, les partys se multiplieront sur les plages du Pacifique. Je veux quand même aller visiter la ville de Cuenca et si possible, faire l'ascension d'un volcan, le Cotopaxi ou le Chimborazo. Au fait, j'ai aussi un rapport de stage à soumettre.

C'est un peu bizarre de voir tout le monde prolonger son séjour en Amérique du Sud alors que moi je l’interromps quelques jours plus tôt que prévu pour retourner à l'école. Les grandes lignes de mon été sont tracées. Cours sur les réfugiés à l'université en mai, cours d'économie en juin. Et pour le reste, les détails restent à définir. C'est bien possible que je déménage avec ma cousine Marjolaine en septembre. Oh Parc Extension! Le quartier le plus multi-ethnique du Québec, en haut, de l'autre coté de la montagne. Sur la rue... ehh, je me rappelle pas mais un nom anglais, a l'angle de la rue St-Roch!

C'est en écoutant Leonard Cohen actuellement que je me rends véritablement compte que c'est le début de la fin. Je profite de l'accalmie avant la tempête pour écrire ce message. Qui sait si du haut des 6000m du Chimborazo ou dans le sable chaud de l'océan je trouverai le temps de me pencher sur un clavier alors que mes heures sur ce continent seront comptées. J'ai déjà vécu le choc culturel d'un retour en terres familières après plusieurs mois d'éloignement mais le défi demeure. Ce n'est pas parce qu'on a mangé du navet une fois que la deuxième fois est meilleure, si vous voyez ce que je veux dire. On croit savoir à quoi s'attendre, et puis... Ca reste un nouveau monde auquel s'adapter.

C'est pleins de petits détails auxquels il faut s'habituer. Alors qu'ici un parent roulant avec 4 enfants sur une moto est considéré comme de la débrouillardise, en sera t'il de même au Québec? Facile de ne pas s'ennuyer de la corruption généralisée, mais un party où tout le monde danse sans devoir être saoul, et ce, en plein après-midi, vous avez déjà vu ça en Amérique du Nord? Ce sont des détails comme ceux-ci qui peuvent donner un sentiment de mal de mer au retour. Il y a plusieurs années je suis partie en voilier sur le lac Champlain avec mon papa, le fils de sa blonde et un capitaine pompier. Un vrai marin d'eau douce, mais un marin quand même. Pendant les quelques jours qu'a duré notre périple, parfois mouvementé, je n'ai jamais souffert le mal de mer. C'est au retour, sur la terre ferme, que tout s'est mis à tanguer à mon plus grand désespoir. C'est ça un choc culturel. Quand tout devrait être clair et familier, on perd l'équilibre, plus de point de repères et vient la nausée. Nausée de ce nouveau monde, si normal et si ennuyant. Nausée de soi-même, de se voir agir, de se voir décevoir et de ne pas savoir comment conjuguer l'impression d'être une nouvelle personne, d'avoir eu son baptême de la mer, d'une nouvelle mer, alors que les terriens stupéfaits s'interrogent à savoir si "l'eau était bonne"? L'inconfort de savoir que ses souvenirs, ses rencontres, ses déceptions sont pour soi-même. Ne pas savoir si les garder pour soi sera considéré anti-social et avare ou si tenté de les partager donnera l’impression d’être un illuminé incompris.

Fier de s’être « cogné partout », d’avoir «dormi dans des draps mouillés » mais anxieux à l’idée de se faire dire « la mer c’est dégueulasse, les poissons baisent dedans ».


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