La cité du Dieu
Mes lieux de résidence des derniers mois sont vraiment cocasses. Mon appart à Montréal, la maison familiale à Beauport-sur-mer, la maison immense de Sangolquí, le bordel quiteño, la maison de Raymond, un autobus, et maintenant je partage un matelas avec Eduardo, un brézilien, chez la famille de Manuel qui habite dans un bidonville de Caracas.
Les petits points sur la photo sont des maisons des différents bidonville de la capitale. Pour continuer dans la série de films-cultes, on partage le matelas comme le célèbre Mark Renton toujours de Trainspotting, et le psychopate Begbie. Heureusement, Eduardo est pas mal plus agréable qu'un alcoolique écossais. Caracas est une ville un peu comme Québec mais avec 5 fois plus d'habitants. Il y a comme un manque d'espace. Et pour couronner le tout, comme l'essence coute environ 5 cent le litre, tout le monde a une auto ce qui ajoute à l'esprit de congestion, de densité et d'asphyxie de la ville. Les guides de voyage disent que c'est une "hate-it or love-it city". Et c'est vrai. Et jusqu'à maintenant j'adore. Mais mon Dieu que je voudrais pas etre un touriste classique ici. J'ai eu la chance de rencontrer rapidement les gens avec qui je vais travailler à l'organisation du Campement Jeunesse du Forum Social Mondial qui aura lieu à la fin janvier. Je vis donc dans le barrio El Progresso, un chateau-fort de Chavez. Je suis très critique de ce qui se pass ici mais pour comprendre il faut aller où ça se passe. Et c'est clairement dans les bidonvilles que Chavez règne. À mon arrivée on a feté un peu trop en regardant une partie de pétanque et avec 3 jours d'autobus, de la nouvelle bouffe et la chaleur disont que mon estomac a décidé de se plaindre. Je veux pas vous embeter avec mes problèmes physiologiques mais avez-vous remarqué à quel point en voyage on se rapproche de nos besoins primaires. Je voulais vous en faire part. Donc, la maman de Manuel (qui milite dans le Parti Patria para Todos, un parti de gauche pro-chaviste que se distingue car, comme ils me l'ont expliqué "Nous on est pas un parti de masse, on forme les cadres politiques"), sa maman, voyant mon état chancelant a décidé d'appeler un médecin. Je n'avais absolument pas besoin de médecin mais elle a insisté. Et qui a répondu à l'appel. Une médecin cubaine qui habite le bidonville. Ma faiblesse a servi de justification pour me montrer les progrès accompli dans le barrio El Progreso. Ça aide à comprendre pourquoi Chavez a tant d'appui. Avant il n'y avait pas de médecin, maintenant il y en a une et c'est gratuit. Ça fait toute une différence. Un bidonville dans le fond c'est pas si pire que ça, ça dépend de qui s'occupe de l'hygiène. Il n'y a pas d'eau courante le jour ce qui pose quelques problèmes pour se laver ou flusher la toilette. Vous vous rappelez la scène du film Apocalypse Now quand le capitaine Willard se brosse les dents dans une tasse? Ça m'a toujours dégouté mais là je dois vivre comme ça. Mais sinon à part le manque d'eau courante, la proximité avec les voisins et les marches qu'ils faut gravir pendant 5 minutes pour arriver à la maison, ben c'est un foyer normal. Avec un père, une mère, un fils, un frigidaire, une télé, un système de son, etc. En 2 jours à Caracas j'ai connu plus de locaux qu'en 3 mois à Quito. Les gens sont callientes! Eduardo, qui a erré 2 semaines à Caracas avant de rencontrer les gens du Campement, avait fraternisé avec un étudiant en relations internationales. On est donc allé au party de graduation. On est arrivé en retard, à 2h de l'après-midi! Un party terrible en plein jour. À 5h je voulais aller me coucher. Vraiment ils/elles savent feter. Caracas c'est un mélange de socialisme havanais et de publicité à la Times Square. Assez spécial.
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