Philauloin, prochain voyage: septembre!

17 décembre 2005

La cité du Dieu


Mes lieux de résidence des derniers mois sont vraiment cocasses. Mon appart à Montréal, la maison familiale à Beauport-sur-mer, la maison immense de Sangolquí, le bordel quiteño, la maison de Raymond, un autobus, et maintenant je partage un matelas avec Eduardo, un brézilien, chez la famille de Manuel qui habite dans un bidonville de Caracas.

Les petits points sur la photo sont des maisons des différents bidonville de la capitale. Pour continuer dans la série de films-cultes, on partage le matelas comme le célèbre Mark Renton toujours de Trainspotting, et le psychopate Begbie. Heureusement, Eduardo est pas mal plus agréable qu'un alcoolique écossais. Caracas est une ville un peu comme Québec mais avec 5 fois plus d'habitants. Il y a comme un manque d'espace. Et pour couronner le tout, comme l'essence coute environ 5 cent le litre, tout le monde a une auto ce qui ajoute à l'esprit de congestion, de densité et d'asphyxie de la ville. Les guides de voyage disent que c'est une "hate-it or love-it city". Et c'est vrai. Et jusqu'à maintenant j'adore. Mais mon Dieu que je voudrais pas etre un touriste classique ici. J'ai eu la chance de rencontrer rapidement les gens avec qui je vais travailler à l'organisation du Campement Jeunesse du Forum Social Mondial qui aura lieu à la fin janvier. Je vis donc dans le barrio El Progresso, un chateau-fort de Chavez. Je suis très critique de ce qui se pass ici mais pour comprendre il faut aller où ça se passe. Et c'est clairement dans les bidonvilles que Chavez règne. À mon arrivée on a feté un peu trop en regardant une partie de pétanque et avec 3 jours d'autobus, de la nouvelle bouffe et la chaleur disont que mon estomac a décidé de se plaindre. Je veux pas vous embeter avec mes problèmes physiologiques mais avez-vous remarqué à quel point en voyage on se rapproche de nos besoins primaires. Je voulais vous en faire part. Donc, la maman de Manuel (qui milite dans le Parti Patria para Todos, un parti de gauche pro-chaviste que se distingue car, comme ils me l'ont expliqué "Nous on est pas un parti de masse, on forme les cadres politiques"), sa maman, voyant mon état chancelant a décidé d'appeler un médecin. Je n'avais absolument pas besoin de médecin mais elle a insisté. Et qui a répondu à l'appel. Une médecin cubaine qui habite le bidonville. Ma faiblesse a servi de justification pour me montrer les progrès accompli dans le barrio El Progreso. Ça aide à comprendre pourquoi Chavez a tant d'appui. Avant il n'y avait pas de médecin, maintenant il y en a une et c'est gratuit. Ça fait toute une différence. Un bidonville dans le fond c'est pas si pire que ça, ça dépend de qui s'occupe de l'hygiène. Il n'y a pas d'eau courante le jour ce qui pose quelques problèmes pour se laver ou flusher la toilette. Vous vous rappelez la scène du film Apocalypse Now quand le capitaine Willard se brosse les dents dans une tasse? Ça m'a toujours dégouté mais là je dois vivre comme ça. Mais sinon à part le manque d'eau courante, la proximité avec les voisins et les marches qu'ils faut gravir pendant 5 minutes pour arriver à la maison, ben c'est un foyer normal. Avec un père, une mère, un fils, un frigidaire, une télé, un système de son, etc. En 2 jours à Caracas j'ai connu plus de locaux qu'en 3 mois à Quito. Les gens sont callientes! Eduardo, qui a erré 2 semaines à Caracas avant de rencontrer les gens du Campement, avait fraternisé avec un étudiant en relations internationales. On est donc allé au party de graduation. On est arrivé en retard, à 2h de l'après-midi! Un party terrible en plein jour. À 5h je voulais aller me coucher. Vraiment ils/elles savent feter. Caracas c'est un mélange de socialisme havanais et de publicité à la Times Square. Assez spécial.


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3 journées c'est pas assez!


Je suis maintenant bien arrivé au Vénézuela. Comme j'ai beaucoup de choses à raconter je vais diviser les posts en 2 soit, le voyage et ma nouvelle vie "bolivarienne". Un voyage de 3 jours en autobus c'est évidemment inoubliable. Tout d'abord, il semble que beaucoup de gens ait de la misère à deviner mon origine. A Quito, mes amis sont venu me reconduire au bus et les chauffeurs (3) m'ont demandé: "Ils sont vénézueliens eux-aussi", "Non, ils sont canadiens", "Et tu sais parler anglais?"...

Je ressemble encore moins à un vénézuelien qu'à un écuadorien mais il y a un flou quant à ce que ressemble les gens des autres pays. La Colombie est magnifique et très diversifiée. Des hautes montagnes très très froides de la frontière équatorienne, à la foret de cactus ensuite une foret tropicale et finalement, entre Bucaramanga et Pamplona, un paysage incroyable. C'est un mélange entre la Sicile du Parrain 2, de l'Afghanistan des Talibans et d'un maquis français. L'air est tellement pur et les gens semblent très sympatiques vus d'un autobus. C'est le gran défi de la Panamericana, c'est comme voir un documentaire de 3 jours mais sans pouvoir entendre ce que les gens disent. On entend la musique, les bruits, on sent les parfums et on voit mais il faut imaginer le reste. Comme les livres sont en général meilleurs que les films, voir un pays en imaginant les conversations est aussi très inspirant. Et dans cette partie de la Colombie, tout est atendrissant. Depuis la culture intensive d'oignons, la seule chose qui pousse à cette altitude, et qui embaume l'air d'un parfum très caractéristique. Les paysans qui portent des passes-montagnes zapatistes. Les enfants qui bercent des chats et les hommes qui enlèvent la peau d'un mouton pendu par les pattes. L'entetement à porter un chapeau de cowboys meme si le climat ne permet meme pas l'élevage sur une grande surface contraste avec la ville frontière de Cucuta qui est trop dense, trop bruyante pour y survivre plus de 20 minutes. Quelques faits cocasses de la Colombie. En passant la frontière avec l'Équateur il y a un nombre incalculable de "crosseurs", vous pardonnerez l'expression, qui proposent de faciliter le passage si tu leurs donne ton passeport. Pouvez vous croire qu'un homme dans l'autobus (on était 5 passagers et 3 chauffeurs!) a remis son passeport. Ça a pris tellement de temps pour racheter le document, car c'est carrément ça. Je pouvais pas croire que quelqu'un soit poisson à ce point là. La Colombie est un pays en guerre. Ça ne parait pas nécessairement de l'autoroute mais à l'entrée du pays on a pu voir un bataillon de paramilitaires et des grafitis disant AUC: presentes! Comme répondant à des maitres d'école imaginaires, les paras semblent terroriser une bonne partie des habitants. Et dans ce pays de narco-trafficants (à ce qu'il parait), combien de fois avons nous été fouillés??? 0. Zéro. Aucune. Et en Équateur? 2 fois. Mais le comble c'est le Vénézuela. 7 fois le bus a été arreté par l'armée. Ils ont fouillé dans toute mes affaires, allant jusqu'à essayer de prendre des photos avec ma caméra pour s'assurer que c'est une vraie. Ais-je l'air d'un passeur de drogue? Certainement pas, et ce n'est pas ce qu'ils cherchent. Ils cherchent des dollars. Il y a une lutte à la contrebande de dollars américains vraiment intense et un gringo qui vient de l'Équateur, dont la monnaie est le dollar doit certainement en avoir. Heureusement, j'avais fait le vide à Cucuta grace au taux de change alléchant des changeurs du temple.

Et maintenant que je suis dans les Caraibes, il faut lire l'autre post.


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